Les Clameurs est un bar associatif à visée fédérative implanté dans le quartier de la Guillotière, ouvert le lundi (19h-22h pour la causeire), le mardi (17h30-minuit), du mercredi au vendredi (midi-minuit) et le samedi (midi-16h30).
Les Clameurs propose des boissons locales et bio et offre une restauration familiale cuisinée avec des produits locaux issus de l’agriculture paysanne et le plus souvent bio.
Le bar et la cantine tenus par des salariés, assurent la viabilité économique du lieu . Les Clameurs ont une totale indépendance financière et et ne bénéfice volontairement d’aucune subventions restant ainsi libre de leur programmation, de leur organisation et de leurs partis pris.
L’association met à la disposition des adhérents deux salles de réunion, une bibliothèque de 2500 livres et des revues hebdomadaires.
La vie associative du lieu (bibliothèque, ateliers, jam sessions, concerts,projection de films etc.) est assurée par les adhérents qui le souhaitent en lien avec les salariés.
Les Clameurs proposent une soirée thématique de causerie populaire chaque lundi , une soirée “Jam session” le mercredi soir, des concerts le jeudi et/ou le vendredi soir, des soirées théâtrales, cinéma, poétiques, des expositions, et des ateliers à l’initiative et animés par des adhérents : poésie , philosophique, collage, photo…
Les Clameurs accueille les collectifs militants pour des soirées d’information, des rencontres et des soirées de soutien.
Les Clameurs, lieu fédératif fonde son existence et sa pratique sur une charte qui en définit ses finalités .
La démarche
Les Clameurs aimeraient être un lieu où la convivialité et l’engagement soient liés l’un à l’autre, car on ne peut imaginer un mieux que si on se sent bien ! Nous refusons l’austérité à tous les niveaux, c’est pourquoi nous souhaitons proposer un lieu qui restaure et où l’on se restaure ! Un lieu où chacun est connu et reconnu !
Les Clameurs ont une démarche fédérative, elles soutiennent les groupes d’individus qui œuvrent à un mieux vivre dans leur travail et leur quartier, qui luttent pour défendre et préserver les droits sociaux et les principes de liberté et d’égalité, qui participent à la construction d’une société alternative et non autoritaire. Elles proposent des espaces de rencontres et d’échanges pour permettre à ceux qui le désirent de se retrouver régulièrement autour de projets collectifs.
Les Clameurs souhaitent au maximum pouvoir mettre à disposition les lieux et salles de réunions, mais sa seule ressource pour assurer les salaires et son fonctionnement, ce sont le bar et la cantine.
Les Clameurs s’installent dans un quartier de Lyon en pleine transformation. La Guillotière est un quartier cosmopolite où cohabitent des cultures et des habitudes différentes. De nombreux lieux alternatifs (associations et coopératives) se sont ouverts ces dix dernières années (bars-restaurants, épicerie, librairie, lieux de rencontres musicales et militantes, culturelles mais aussi bureaux d’associations, salles de jeux, jardin, etc.). Ils contribuent au développement économique et à l’animation du quartier sans pour autant souhaiter en transformer l’organisation bien au contraire. Nous pensons qu’il doit être possible d’apporter un plus à diversité d’un quartier, le développer tout en préservant la diversité économique et culturelle. Avec ses spécificités, les Clameurs s’inscrivent dans cette dynamique culturelle et économique ouverte sur le quartier et les initiatives qui y fleurissent. Elles s’ouvrent également à ceux qui viennent d’ailleurs, même de très loin, avec leurs idées et leurs besoins nouveaux.
Les Clameurs se veulent résolument locale et “internationale” mais pas nationale.
Si nous devons nous organiser localement, repenser les échanges et l’approvisionnement de manière locale pour répondre à nos besoins et nos aspirations, nous sommes citoyens du monde, et c’est en écoutant le monde, avec sa diversité, son inventivité, sa culture et sa manière d’avoir dépassé l’histoire et les frontières que nous trouverons la créativité nécessaire pour penser autrement notre quotidien.
Nos rencontres avec des personnes animant des lieux «différents » à l’étranger (Barcelone, Berlin, Bruxelles etc…) dans d’autres villes en France, nous donnent envie de trouver le moyen de lancer l’initiative d’un Réseau Alternatif des Territoires fondé sur la libre adhésion. Les Clameurs souhaitent ainsi développer les liens entre les lieux alternatifs dans la région mais aussi au delà en France et ailleurs et les faire connaître à tous ceux qui se reconnaissent dans ces valeurs.
Les Clameurs ont fait le choix d’allier activité économique et vie associative afin de ne pas dépendre de subventions qui sont accordées et retirées au gré des intérêts ou priorités politiques des élus. Nous assumons donc une activité commerciale qui se doit d’être suffisante pour permettre de payer salaires et charges et garantir ainsi un lieu pérenne pour que se développe de manière solide une vie associative et des initiatives à long terme. La permanence des lieux reste à nos yeux la première étape nécessaire à la transformation sociale
Historique
Après trente-cinq ans de travail dans le secteur social et médico-social, nous (les fondateurs) avons décidé de quitter nos métiers en juillet 2014, las de nous heurter à une bureaucratisation galopante, perdant de vue la finalité même de notre travail : l’aide, l’assistance, l’accompagnement, le soin, la disponibilité.
Rentabilisation, économie d’échelle, soutien à la performance, plan d’amélioration continue, évalua-tions interne, externe, personnelle et professionnelle, procédures, prévention, protocoles….stop !
Sous prétexte d’économie, on use notre énergie et aussi bien celles des salariés cadres non cadres par du contrôle tout azimut.
Depuis trente-cinq ans, nous essayons chacun à notre manière d’atténuer, de réduire, de dénoncer et de combattre toutes les formes d’injustice et d’oppression. Par oppression nous entendons tout ce qui vise à exclure le différent et le minoritaire, à faire rentrer dans le rang celui qui choisit la liberté d’être et de penser, elle soutient et pérennise un système de domination propre aux organisations pyramidales que nous refusons.
Dans notre travail, nous avons essayé de défendre cette idée d’une égalité sociale, égalité des droits, droit au soin, droit au soutien sans être stigmatisé, droit à une vie décente, droit à l’erreur aussi, droit d’avoir le temps pour grandir, changer, et enfin droit à la différence, et à la diversité des parcours et des vies.
Ces idées nous avons essayé de les mettre en œuvre, chacun à notre manière, dans une vie militante associative et politique, guidée par un idéal libertaire et autogestionnaire mais aussi dans le choix d’une vie tournée vers un mieux vivre, vers la musique et la convivialité.
Aujourd’hui, ces aspirations se transforment en projet réalisable et – nous le pensons – réaliste. La création d’un lieu fédératif convivial mais aussi militant au sens large c’est à dire porté par l’idée que nous pouvons tous œuvrer à notre émancipation, représente pour nous la concrétisation de nos aspirations mais aussi l’aboutissement de notre expérience de vie.
Pour symboliser ce projet, nous avons décidé d’appeler ce bar fédératif « Les Clameurs». Une clameur, c’est un «cri violent et tumultueux indiquant, en particulier une véhémente protestation, un grand enthousiasme…”, c’est un cri qui a la particularité d’être la réunion spontanée de cris individuels. La Clameur est donc l’expression collective spontanée et non prédéterminée, de ressentis individuels. Ce n’est ni un slogan, ni une ovation, ni une réponse, c’est un état de fait, le début possible de quelque chose, la naissance du collectif.
Bien sûr, ce choix est un clin d’œil aux clameurs des «voltés» de «la zone du dehors» d’Alain Damasio, rencontres fortuites avec la pensée subversive de l’autre qui ne se soumet pas, au détour d’une rue, au milieu d’un parc….à lire absolument !
Nous constatons, que l’évolution de l’organisation sociale nous amène tous à partager notre temps entre lieu de travail et lieu privé. Nous n’existons plus que par notre travail, et notre «foyer » voir notre famille. L’absence de travail, l’absence de foyer ou de famille nous jetant dans un véritable no man’s land.
La rue, l’extérieur, deviennent des espaces réservés aux loisirs ou à la consommation. Ces espaces collectifs de plus en plus réglementés, uniformisés rendent difficiles les rencontres spontanées, le mélange des populations et surtout la possibilité de s’organiser collectivement.
Il est difficile de trouver des lieux où il est possible de se réunir à tout moment. Des lieux où, quelque soit notre statut social, notre condition, notre âge, nous puissions partager notre point de vue sur le monde, sur la société qui nous entoure, échanger, se trouver des affinités, créer des liens sociaux. La disparition massive des bars de quartiers, sous couvert de lutter contre l’abus d’alcool, à du même coup supprimé ces lieux « entre deux ». Sept mille cafés ferment chaque année.
Pour avoir un ordre d’idée, il y avait six cent mille bistrots en 1960 pour trente quatre mille en 2016.
Nous avons pu constater au cours de notre expérience militante, qu’il est difficile pour un collectif d’individus de se réunir dans un lieu «public» s’il n’est pas d’une manière ou d’une autre rattaché à une organisation syndicale, politique ou une association ayant pignon sur rue.
Des espaces militants existent, mais il semble important de créer des lieux qui s’adressent à un public plus large.
Enfin, depuis longtemps, l’envie d’exporter notre plaisir de recevoir au delà de la maison et de nos activités associatives nous démangeait ! Servir à manger et à boire, organiser des moments festifs, penser un lieu agréable et accueillant, tout cela nous plaisait, il suffisait de franchir le pas, c’est chose faite !
Depuis, l’équipe des Clameurs s’est enrichie de nouvelles personnes venues d’autres horizons, plus jeunes mais tout aussi convaincues de la nécessité de construire des lieux communs où se mêlent plaisir de la fête et engagement, discussions de comptoir et débats, et où il devient possible de penser ensemble d’autres possibles. Des nouveaux liens se font, avec d’autres réseaux, d’autres formes d’émancipation. Cette diversité des approches et des générations est une vraie richesse , elle donne sens à la volonté fédérative du lieu.
Le choix du logo
Le choix du logo Nous voulions que le logo soit transformable en tampon, pochoir ou tag. Qu’il puisse se reproduire facilement et qu’il symbolise la démarche du lieu, comme une signature.
Plusieurs thèmes sont représentés dans ce dessin, tout d’abord le porte voix car les Clameurs souhaitent pouvoir être un lieu qui accueille et porte les voix de chacun et de tous, mais c’est aussi l’œil ouvert sur le monde, vigilant. On retrouve également les trois premières lettres des Clameurs : CLA et enfin le A cerclé, qui se transforme en porte-voix….. ! tout un programme !
Les textes fondateurs
Discours inaugural du 30 avril 2016
Discours L’An 1 des Clameurs 29 avril 2017
« Et oui ! Cela fait un an que nous sommes ouverts ! Depuis un an, jour après jour, nous avons rencontré à midi, en soirée, à l’occasion d’un concert, d’un spectacle, d’une jam session ou dans le calme des après midi, des centaines de belles personnes de tous les âges et de toutes les origines et cette diversité qui cohabite si bien avec respect et curiosité c’est notre première réussite collective. Nous avons discuté des heures, échangé des idées, des livres, des adresses, des infos, des recettes, des musiques, des liens se sont noués, des rencontres se sont faites dans l’enthousiasme.
La petite scène s’est ouverte à de nombreux artistes pour des jams créatifs de grande qualité, des concerts remarquables variés, intimistes ou festifs, des spectacles de poésie, du théâtre, de l’opéra : découvertes et grands moments !
Les murs sont devenus le support d’exposition de tableaux, objets, peintures, photos,
C’est la deuxième réussite collective : Prendre conscience de la force créatrice qui essaye de se faire entendre et se dire qu’on ne va pas attendre une reconnaissance institutionnelle pour en profiter ensemble. Ce soir en est la preuve ! Merci à vous les artistes : musiciens, musiciennes, chanteurs, chanteuses, danseuse merci de rappeler qu’ici nous sommes « international et pas national !» C’est un message à porter très haut en cette période de repli identitaire !
Les Clameurs c’est aussi le choix de cuisiner des produits de qualité issus de l’agriculture paysanne, pour notre plaisir et notre santé à tous ! Et ce faisant nous témoignons de la nécessité d’une agriculture locale et sociale c’est-à-dire qui permette à ceux qui nous nourrissent de vivre bien. Une agriculture qui s’appuie sur une vision de l’écologie qui n’a rien de folklorique ou de branchée !
Les Clameurs ont accueilli les vendredis soirs et dans les salles de réunion de nombreux groupes, collectifs, associations, organisations, individus qui tous à leur manière construisent d’autres possibles qu’ils soient politiques, artistiques, humains, festifs, pragmatiques. Chacun décide du chemin à prendre qui lui convient le mieux. Parce que l’idée qui nous guide ici, c’est celle de se donner les moyens de notre émancipation en partageant nos expériences, nos connaissances, nos méthodes. Cette émancipation, elle prend de multiples formes, elle se construit pour chacun à partir de là où il en est, elle se concrétise sous la forme qui lui semble nécessaire, vitale. Ce qui importe, c’est le mouvement et l’énergie qui en découle, Damasio parle de puissance, la puissance pour résister à la peur et à la tristesse qui nous tiennent en laisse.
Je vais vous citer un petit passage du dernier livre du comité invisible qui s’appelle « maintenant », comme une réponse à cette désespérance « Contre cela, il y a à sortir de chez soi, aller à la rencontre, prendre la route, travailler à la liaison conflictuelle, prudente et heureuse, entre les bouts du monde. Il y a à s’organiser, s’organiser véritablement n’a jamais été autre chose que s’aimer ».
Si nous essayons de vous proposer un lieu sympa, accueillant, ce qui se passe ici on vous le doit. Les projets qui se mettent en place viennent de vous et peu à peu ensemble, on construit un commun. « Les Clameurs seront ce que nous en ferons » disions-nous le jour de l’inauguration, voilà le résultat ! Toute l’équipe des Clameurs vous remercie d’avoir donné vie à ce projet que nous avions imaginé. Parce que les plus belles idées, les plus grandes espérances sont inutiles si elles ne sont pas partagées.
Pour finir sur une belle image, je vous propose une petite phrase de Louise Michel qui traduit bien notre conviction profonde : « La chrysalide humaine évolue : on ne fera plus rentrer ses ailes dans l’enveloppe crevée »
Bonne soirée et bon anniversaire ! »
Discours de l’An II des Clameurs du 28 Avril 2018
Nous voilà réunis pour fêter ensemble les deux ans des clameurs et c’est un moment de grande joie !
Que s’est il passé durant toute cette année ? Comment le raconter ? Concrètement en deux ans, ce sont plus de 3600 personnes qui au fil des mois se sont arrêtés aux clameurs et ont pris une adhésions, c’est plusieurs centaines d’adhérents qui viennent régulièrement et constituent un petit monde chaleureux, riche d’expériences et d’histoires singulières et véritable soutien pour nous. C’est plus de quarante concerts et spectacles proposés par des artistes inventifs, talentueux et généreux qui, s’ils ne vivent pas hélas de leur art, vivent pour lui et pour le partager avec nous, ce sont des soirées jam de plus en plus vivantes, riches et inventives, où se mêlent musiciens de tous âges, de tous niveaux et de tous styles, véritable symbôle des Clameurs que nous avons choisi de vous faire partager tout au long de cette soirée, ce sont une trentaine de collectifs, associations et coopératives qui sont venues présenter leurs actions et projets le vendredi soir, ce sont des dizaines de collectifs, organisations, associations qui utilisent les salles de réunion de manière régulière, se sont plusieurs expos de peinture, photos, collages, dessins réalisés par des adhérents, se sont des ateliers philo, soirée cinéma organisées et animées par des adhérents, c’est une bibliothèque qui petit à petit se réorganise pour que tous les adhérents puissent mieux l’utiliser, ce sont les coups de mains pour nous aider à enregistrer les adhésions, la constitution d’un groupe d’adhérents actifs, qui a ses représentants au conseil d’administration. Merci à vous tous qui, jour après jour prenez votre place au sein des Clameurs chacun à votre manière.
Les Clameurs ce sont aussi des centaines de repas préparés avec la complicité de nos producteurs qui nous ont accompagnés toute l’année et dont vous avez pu apprécier la qualité des produits. Cuisiner pour vous est un vrai plaisir, un échange sympathique, des retours gratifiants. C’est aussi un bar qui tourne à plein dans une ambiance parfois survoltée mais toujours chaleureuse et cordiale.
Cette année, c’est aussi la confirmation que nous pouvons nous auto financer sans subvention et créer trois équivalent temps plein grâce à vous, car ici en consommant vous contribuez à créer un lieu à l’expression libre et ça c’était pas gagné ! Et ça marche ! C’est un encouragement pour tous ceux qui se lancent dans ce genre d’aventure, et ils sont nombreux à venir nous voir au bar. nous sommes ravis de partager cette expérience avec eux et de leur apporter notre soutien.
Cette année, l’équipe des Clameurs a changé, avec le départ d’Alice en juillet vers d’autres projets, l’arrivée de Boris en aout, et de Lisa en février, le passage à mi temps de Gilles qui va pouvoir se consacrer un peu plus à la musique, à la pêche, à la photo etc.
C’est aussi l’année, où nous construisons pas à pas notre fonctionnement autogestionnaire, car si déjà nous avons tous les mêmes salaires, les mêmes horaires et que nous partageons toutes les tâches, le partage des responsabilités , la répartition des mandats est un gros travail qui prend du temps si on veut que cela soit un véritable partage du pouvoir.
Bref tout cela forme un tout, un tout qui n’est pas une fin en soi, même si comme le dit Damasio, il ne faut pas attendre un ailleurs désirable mais vivre le présent comme le seul temps habitable. Les Clameurs sont un moyen d’expérimenter, d’inventer d’autres modes de liens sociaux, d’organisation sociale et tout cela dans la bonne humeur. Car on ne changera pas le monde dans la morosité.
Dans son livre , « l’art de la joie » , Goliarda Sapienza raconte l’histoire d’une femme Modesta. Pas de théorie, pas de grands principes, pas d’envolées politiques, non , juste l’histoire d’une vie empreinte de liberté, de choix librement assumés avec leurs contraintes et leur bonheur. Leurs contraintes acceptées parce qu’elles sont au service d’un but , d’un idéal choisi, leur bonheur avec cette force de ce qui s’offre comme un supplément de vie.
La joie, ce sentiment tout à la fois intérieur et partagé qui s’installe dans le temps, qui transforme les relations sociales en rencontres et retrouvailles et qui nous libère des plaisirs éphémères que l’on nous vend et dans lesquels on veut nous enfermer, nous limiter.
Cette joie, il y en a souvent ici, et c’est une vraie chance de partager ces moments avec vous , parce que la joie est durable et nous rend forts.
Au fil des mois, nous construisons ainsi ensemble quelque chose de commun. L’attention que vous portez au lieu, la prise en compte et le respect de notre travail que nous percevons à travers plein de petits gestes quotidiens, nos discussions parfois interminables, votre patience aussi ! Cette attention partagée, nous pouvons l’appeler entraide, solidarité. Et oui n’ayons pas peur d’utiliser ces mots que cette société nous vole en les vendant comme des marchandises. Nous pourrions aussi faire le constat comme le dit Kropotkine « traiter les autres comme on aimerait être traité soi-même est une simple habitude que nous appliquons dans 99 cas sur 100. Nous n’hésitons que dans un cas sur cent et là, nous devons réfléchir et faire appel au principe d’égalité » Voilà une perspective plus réjouissante que d’envisager la société avec la certitude que l’homme est un loup pour l’homme ! Que notre nature et mauvaise et qu’il faut nous redresser, nous contrôler, nous obliger.
Nous voyons bien que ces deux points ne servent ni les mêmes buts, ni les mêmes intérêts. Nous pouvons choisir le premier.
Construire un commun, expérimenter un autre fonctionnement politique, parce que ce mot aussi a été détourné de son sens puisque aujourd’hui la politique autrement dit l’organisation de la cité est devenu le fait de l’état et non plus des membres de cette cité. Chaque fois que nous construisons un lieu, un projet collectif nous faisons société et nous sommes maîtres de notre organisation. Construire un commun c’est prendre conscience que l’on peut décider de sa vie, que l’on peut avec d’autres construire à notre échelle ce qui nous semble bon pour tous et chacun. De nombreuses expériences, lieux, luttes, mouvements convergent aujourd’hui vers un même but, celui de mieux vivre ensemble, sans laisser personne au bord du chemin, opposer le collectif comme un tout riche des diversités individuelles, opposer le collectif à l’individualisme mortifère.
Etre en conscience, être debout pour voir plus loin, voir ce qui nous rassemble au-delà des clivages, des particularismes, des différences que nous mettons sans cesse en avant pour que l’on nous entende sans voir qu’au delà de ces besoins légitimes de reconnaissance nous renforçons la logique implacable de l’individualisme triomphant .
L’organisation de la cité est notre affaire et non celle des états. Les états sont comme des arbres dont nous serions la sève, ils poussent, grandissent, prospèrent , et nous font de plus en plus d’ombre et nous donnent de moins en moins de fruits en retour !
Cette sève, notre sève, peut nourrir d’autres projets, d’autres actions, nous le voyons ici tous les jours : projets artistiques, militants, humains, projets festifs, solidaires, drôles, courageux. Cette sève, notre sève, fait vivre des dizaines de lieux militants, des dizaines de coopératives et associations, qui tendent vers un même but : s’émanciper des contraintes inutiles ou nuisibles pour construire une vraie interdépendance où chacun a besoin du collectif et ou le collectif a besoin de chacun, autrement dit un monde solidaire.
Pour cela, nous devons continuer à danser, chanter, jouer de la musique, clamer des poèmes, peindre, créer, manger ensemble car un monde meilleur ne pourra se faire que dans la joie !